Les crises sont causées par l’intervention de l’État
En matière d’économie, Ayn Rand se référait souvent à l’économiste autrichien Ludwig von Mises. Tous deux défendaient une économie de marché libre, non régulée par l’État, avec l’étalon-or comme base du système monétaire. Ils mettaient en garde contre les dangers d’une intervention étatique excessive, susceptible de déstabiliser l’économie et de mener à des crises.

Ainsi les crises économiques, selon eux, sont causées par les interférences de l’État dans la sphère monétaire et financière. Ils critiquent notamment la manipulation de la masse monétaire et des taux d’intérêt par les banques centrales. Enfin ils préconisent un retour à l’étalon-or, qu’ils considèrent comme un garant de la stabilité monétaire et des échanges internationaux,
Par ailleurs l’or, en tant que ressource naturelle rare et inaltérable, représente pour Ayn Rand une expression objective de la valeur, en opposition au papier-monnaie, créé artificiellement par les banques centrales qu’elle considère comme arbitraire et sujette à l’inflation. En plus d’être instable, elle affirme à de nombreuses reprises que ce système est injuste et favorise les élites au détriment des producteurs.
Dans le roman La Grève, le héros John Galt fustige le système monétaire fiat, contrôlé par les banques centrales et sujet à la manipulation. Il prône un retour à un système monétaire adossé à des matières premières tangibles comme l’or. Il estime qu’un tel système serait plus stable, plus juste et plus résistant aux manipulations :
- « L’argent est une forme de la réalité, une mesure de la réalité. »
- « L’argent est un outil pour la production, un moyen d’échange, un moyen de stocker la richesse. »
- « Un système monétaire sain est celui qui est basé sur la réalité, sur des matières premières tangibles comme l’or. »
- « Le système monétaire actuel est basé sur la fraude et l’illusion. Il est voué à l’effondrement. »
Le système social idéal
Selon Rand, c’est le capitalisme de « laissez-faire ». Sur le plan politique, cela signifie, selon ses termes, « une séparation complète de l’État et de l’économie, de la même manière et pour les mêmes raisons que la séparation de l’État et de l’Église ».
Voici comment Ayn Rand présentait le problème dans les années 60 :
« Le capitalisme pur, le capitalisme de laissez-faire n’a jamais existé nulle part. (…) Les principes, la théorie, et la pratique effective du capitalisme reposent sur un marché libre c’est-à-dire non réglementé, comme l’histoire des deux derniers siècles l’a amplement démontré. Aucun défenseur du capitalisme ne peut se permettre de méconnaître le sens exact des termes de “laissez-faire” et d’“économie mixte”, qui indiquent clairement les deux éléments opposés qui sont en cause dans cette mixture : l’élément de liberté économique, qui est le capitalisme, et celui de l’intervention des hommes de l’État, qui est l’étatisme.
Une campagne insistante se poursuit depuis des années pour nous faire accepter l’idée suivant laquelle tous les États seraient les instruments des intérêts économiques de classe, le capitalisme n’étant pas une économie libre, mais un système d’ingérences étatiques au service de quelque classe privilégiée. Le but de cette campagne est de falsifier l’économie politique et de réécrire l’histoire pour oblitérer l’existence et la possibilité d’un pays libre et d’une économie sans intervention de l’État. Comme un système de propriété privée nominale gouverné par les interventions de l’État n’est pas du capitalisme mais du fascisme, le seul choix que cette supercherie nous laisserait est le choix entre le fascisme et le socialisme (ou le communisme), ce que tous les étatistes du monde, de toutes les variétés, degrés et dénominations s’efforcent frénétiquement de nous faire avaler. Détruire la liberté est leur objectif commun, après quoi ils comptent se battre entre eux pour le pouvoir. » – Ayn Rand, Capitalism: The Unknow Ideal, 1965

Dans La Grève, le chef d’œuvre de fiction d’Ayn Rand, l’intrigue et les personnages illustrent le capitalisme idéal (de libre marché), par opposition au capitalisme socialisé et collectivisé. On peut y voir l’action d’entrepreneurs compétitifs et innovants qui sont peu à peu étranglés par des lois et des règlements, mis en place par leurs concurrents jaloux, avec la complicité des politiciens.
Dans le monde de La Grève, les marchés libres et la liberté individuelle ont été échangés contre l’égalité et la surveillance, imposées par le gouvernement. Ne vivons-nous pas déjà dans ce genre de monde ?
Dans son essai philosophique Capitalism, Ayn Rand écrit encore : « Est-ce qu’un homme est un être souverain propriétaire de sa propre personne, son esprit, sa vie, son travail et ses produits – ou est-il la propriété de la tribu (l’État, la société, la collectivité) qui peut disposer de lui comme il lui plaît, qui peut lui dicter ses convictions, prescrire le déroulement de sa vie, contrôler son travail et exproprier ses produits ? Est-ce que l’homme a le droit d’exister pour son propre compte – ou est-il né pour la servitude comme un esclave qui doit passer sa vie à l’acheter en servant la tribu ? » – Ayn Rand – Capitalism, the unknown ideal, 1965
L’un des héros du roman La Grève, Francisco d’Anconia, s’adresse à l’entrepreneur Hank Rearden :
« Ce ne sont pas vos échecs qui vous valent d’être détesté, mais vos succès. On vous méprise pour ces qualités qui sont les vôtres et dont vous tirez la plus grande fierté. On vous a traité d’égoïste parce que vous aviez le courage d’agir selon votre jugement et d’en accepter toute la responsabilité. On vous a accusé d’arrogance en raison de votre indépendance d’esprit. On vous a taxé de cruauté parce que vous avez témoigné d’une totale intégrité. On a qualifié votre conduite d’antisociale parce que vous regardiez loin devant vous et que vous vous aventuriez sur des routes inconnues. On vous dit sans pitié à cause de l’énergie et de la discipline personnelle dont vous avez fait preuve pour atteindre votre objectif. On vous a traité de requin parce que vous avez la merveilleuse faculté de créer des richesses. Vous qui avez toujours déployé une incroyable énergie, on vous a traité de parasite. Vous qui avez créé l’abondance, là où, auparavant, il n’y avait rien que déserts et famine, on vous a traité de voleur. Vous qui avez procuré à tant d’individus de quoi subsister, on vous a traité d’exploiteur. Vous, l’être le plus droit, le plus pur, vous avez été méprisé comme un “vulgaire matérialisteˮ. Leur avez-vous demandé : de quel droit ? En vertu de quelles règles, de quels critères ? (…) Allez-vous accepter cela ? Voulez-vous vraiment continuer – au prix de votre incroyable résistance, au prix d’une grande souffrance – à satisfaire les besoins de ceux qui vous détruisent ? » – Ayn Rand, Atlas Shrugged, 1957

Aux sources de la crise de civilisation
Mais le cœur du roman expose l’idée que notre sort n’est pas dû seulement à la corruption des politiciens, qui n’est qu’un symptôme. La raison de ce malheur repose dans les idées philosophiques et les idéaux moraux que la plupart d’entre nous acceptent.
C’est pourquoi nous devons remettre en question nos croyances, repenser nos convictions et notre philosophie de A à Z. Et le plaidoyer de Rand en faveur du capitalisme de laissez-faire repose sur des concepts philosophiques fondamentaux.
Cet article a attisé votre curiosité ? Vous souhaitez aller plus loin et comprendre d’où vient notre engouement pour Bitcoin ? Si oui, alors venez découvrir nos contenus sur Bitcoin :
Dans cette série, nous allons explorer quelques-uns de ces concepts :
- Quelle est l’essence de la nature de l’homme ?
- Quelle est la base fondamentale du concept de droits individuels ?
- Comment le libre marché libère les capacités créatrices de l’homme ?
- Qu’est-ce que le capitalisme bien compris ?
- Pourquoi il est souvent mal compris ?
- Pourquoi il est le seul système social en accord avec la nature de l’homme ?
La suite ici.
Cet article vous a plu ?
Partagez-le avec votre communauté Bitcoin








